Quel est l'impact du télétravail sur le marché immobilier ?
La crise du Covid-19 a largement impacté l’organisation du travail en France, notamment à travers une démocratisation du télétravail dans le secteur tertiaire. Ce nouveau rapport au travail et cette redéfinition du “bureau” a alors eu un impact majeur sur le marché immobilier, qui se mesure encore aujourd’hui.
10 mars 2025
Temps de lecture : 6 minutes
Le télétravail : une redéfinition de l’espace
En 2023, 47 % des entreprises avaient recours au télétravail, et un tiers des salariés français le pratiquaient au moins une fois par semaine (Source : SFR Business / Statista). Bien que le full remote (100 % télétravail) reste assez rare, de plus en plus de travailleurs partagent leur temps entre le bureau et la maison, ce qui n’est pas sans impact sur leur manière de vivre et de se déplacer !
La distance entre le lieu de travail et le lieu de vie n’est plus le premier critère d’une recherche d’emploi, de même que pour une recherche de logement. La généralisation du télétravail pousse également les acquéreurs à adopter d’autres critères de choix pour leur habitat, qui doit désormais proposer un espace pensé pour le télétravail.
Les grandes villes délaissées au profit des villes moyennes
Aujourd’hui, de nombreux salariés considèrent qu’il n’est plus vraiment essentiel de vivre à proximité de leur lieu de travail. Cela permet aux acquéreurs potentiels d’élargir leur zone de recherche en s’éloignant des centres-villes et des grandes métropoles. Certains acheteurs envisagent même de changer de département ou de région pour obtenir une meilleure qualité de vie : des logements plus grands, plus d’espaces verts, moins d’embouteillages…
Ces dernières années ont ainsi vu exploser la demande de logements en zones périurbaines, qui offrent une qualité de vie intéressante tout en restant accessibles depuis les grandes villes. Les zones plus rurales attirent de plus en plus d’acquéreurs qui souhaitent profiter de prix au m2 plus bas, et ainsi, de logements plus grands.
Cette tendance se mesure dans la plupart des grandes villes, bien que certaines métropoles attirent encore des acquéreurs qui souhaitent simplement quitter la Paris et sa banlieue : des villes comme Marseille, Nice, Nantes et Bordeaux attirent encore de nombreux acquéreurs. Cependant, ce sont les villes moyennes qui attirent aujourd’hui le plus d’acquéreurs, à l’image d’Annecy, Quimper, Tours ou Poitiers.
De nouveaux critères de recherche pour les acheteurs en télétravail
Comme évoqué précédemment, la distance maison-travail est devenu un critère secondaire par rapport à la qualité de vie, la présence d’espaces verts et la proximité avec la nature. Mais ce n’est pas tout !
Au-delà d’une zone de recherche élargie, les acquéreurs qui pratiquent le télétravail appliquent des critères de sélection particuliers aux biens immobiliers qu’ils convoitent : des logements plus spacieux, la présence d’un espace extérieur privatif (jardin, balcon, terrasse), des pièces de vie lumineuses, une meilleure isolation phonique, de bonnes performances énergétiques… Le logement doit être confortable et agréable en toutes circonstances, y compris pour travailler ! De nombreux acquéreurs souhaitent en effet disposer d’une pièce supplémentaire pour y installer un bureau, ou bien d’un salon assez modulable pour pouvoir y créer un espace de travail confortable.
En tant que vendeur, il est essentiel de prendre en compte ces nouvelles préoccupations afin de rendre son bien attractif. Il suffit de quelques travaux de rénovation pour créer un coin bureau confortable, par exemple, en installant une cloison avec une verrière. L’aménagement d’une mezzanine peut aussi être une bonne solution pour créer un espace de travail à l’écart des pièces de vie sans trop cloisonner l’espace.
De plus en plus de résidences secondaires
Tous les acquéreurs ne sont pas prêts à déménager : si certains partent volontiers s’installer en périphérie, d’autres préfèrent conserver leur logement en ville pour se tourner vers l’achat d’une résidence secondaire. L’après-Covid a en effet marqué une augmentation significative de ce type de projet, jusqu’à représenter plus de 13 % de la production de crédits en 2023 selon la FNAIM.
Le fait d’acquérir une résidence secondaire dans une ville moyenne ou une zone rurale permet de conjuguer les différentes attentes des télétravailleurs qui ne souhaitent pas définitivement quitter la ville, mais qui restent à la recherche d’une meilleure qualité de vie. La flexibilité apportée par le télétravail leur permet ainsi de profiter par intermittence des avantages offerts par une maison à la campagne : on parle ainsi de résidence semi-secondaire.
Un impact majeur sur les prix de l’immobilier
Sans surprise, les évolutions des attentes des acquéreurs et l’exode urbain causé par la démocratisation du télétravail ont eu un impact majeur sur les prix de l’immobilier. Et ce, aussi bien dans les grandes villes qu’ailleurs !
Dans les zones périurbaines, qui sont les plus recherchées, on a pu constater une hausse significative des prix de l’immobilier. L’écart de prix qui existait auparavant entre ces zones et les centre-villes tend ainsi à se réduire, avec des prix qui augmentent aux abords des grandes métropoles. Les centres-villes restent attractifs pour autant, avec des prix assez stables à Paris ou à Lyon. Dans les autres villes, à l’instar de Marseille, Nice ou Bordeaux, on a pu constater une hausse assez importante des prix au m2, de nombreux télétravailleurs de la capitale s’étant tournés vers ces villes proches de la mer. Dans les zones rurales, il est plus difficile d’identifier une tendance globale. Certaines localités bien desservies ont vu leur prix moyen au m2 exploser, tandis que les zones les plus isolés n’ont pas vraiment connu de changement.
Généralisation du télétravail : quel avenir pour le marché de l’immobilier ?
L’essor du télétravail a redistribué les cartes du marché de l’immobilier en 2025, notamment en termes de concurrence entre zones urbaines, périurbaines et rurales. Ces évolutions sont une véritable opportunité pour les villes moyennes et les petites collectivités, à conditions qu’elles fournissent les services et les infrastructures nécessaires pour donner envie aux télétravailleurs de s’installer.
Le télétravail a aussi un impact direct sur le marché de la promotion immobilière, qui délaisse l’immobilier commercial au profit de résidences hybrides, qui intègrent à la fois des logements confortables, des espaces verts et des espaces de coworking.
À retenir
- La démocratisation du télétravail a modifié considérablement le rapport des travailleurs à l’espace, qu’il s’agisse de la distance maison-bureau ou de l’aménagement des logements.
- Les télétravailleurs cherchent à s’éloigner des centres urbains pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie, avec des logements plus grands, plus lumineux, et dotés d’un extérieur.
- Les prix de l'immobilier ont tendance à monter dans les zones périurbaines, qui sont les plus recherchées par les télétravailleurs.
- Les promoteurs comme les vendeurs particuliers doivent prendre en compte les nouvelles attentes des acheteurs en leur proposant des logements adaptés au télétravail, avec des espaces de travail définis.